Un petit moment de bonheur

Bonjour à tous,

Je ne résiste pas au plaisir de vous narrer en trois mots une petite anecdote qui m'est arrivée samedi dernier.

Ayant décidé de m'aérer un peu les poumons et l'esprit après une séance de réglage du système de retour de force, j'ai décidé en début d'après midi, d'aller faire un tour sur un petit terrain très sympathique en bord de Gironde, sur lequel je vais voler de temps à autres. Pas pour voler, simplement comme ça pour voir si il est toujours praticable malgré la saison, ce qui était aussi un prétexte pour faire prendre l'air au chien.

En arrivant j'ai remarqué une voiture attelée d'une remorque garée le long de la maison abandonnée qui jouxte le terrain. Visiblement, deux hommes se tenaient à l'intérieur.
Pas de modéliste sur le terrain, je suis allé marcher le long de la piste.
En arpentant le terrain le chien à mes côtés, je ne pouvais m'empècher de gamberger : la maison serait elle promise à une remise en état? Ces deux là venaient-il  commencer les travaux, comme pouvait le laisser supposer la remorque?
Voila qui laissait présager de violentes et interminables querelles de voisinage liées à l'affluence et au bruit  
De toute façon ça paraissait fou : un maison isolée à cet endroit est promise au vandalisme et aux cambriolages.

Avant de partir, je me suis résolu à aller rendre une petite visite à ces gens pour en avoir le cœur net. Rien de tel que de mettre les choses à plat.
A peine avais-je approché l'entrée de la demeure,  ( j'ai failli écrire "la porte" mais la pauvre n'a plus une seule menuiserie intacte ) que je fus accueilli d'un joyeux "bonjour" , bientôt suivi par un "vous voulez un café" tout aussi jovial.
En portant les yeux vers les auteur de ces paroles, je découvris deux chasseurs attablés et une table couverte de reliefs de repas et de matériel de camping. Les deux accueillants compères semblaient tout droit sortis d'un film de Pagnol et celui qui me faisait face me fit même penser à Charpin dans le rôle de maître Panisse. Même l'accent y était, à la nuance près que celui du bordelais n'est pas tout à fait semblable à celui de Marseilles,  tandis que l'autre, avec ses moustaches en forme de pare choc de Dauphine avait lui aussi dans l'allure un je ne sais quoi de désuet et débonnaire.

Je me suis donc retrouvé attablé devant un gobelet de café sans sucre ( les petits problèmes de l'age, sans doute ) et un cannelé, à deviser joyeusement avec ces messieurs comme si ils n'attendaient que moi.
"Nous, ici, on est des squatters. Mais attention, hein, nous on casse rien. On vient manger à l'abrit après la chasse, et on renmène nos déchets".

Je ne sais pas qui a dit que "le bonheur c'est l'idée qu'on s'en fait", mais il faut reconnaitre qu'il avait raison : ce café, je dois l'admettre, n'était pas très bon. Mais il était offert avec une telle bonhommie et tant de sincérité, que je l'ai dégusté, et l'heure que j'ai passé avec ces gars, comme si on m'avait servi un caoua de feurst classe! Et puis modéliste depuis 30 ans environ, je n'ai pas toujours eu que des bons contacts avec les chasseurs. Je n'ai pas eu souvent l'occasion de fraterniser avec ces gens là. Comme quoi, il y a les bons chasseurs et les mauvais chasseurs, disaient "Les inconnus"  

Moi je suis sorti de là avec l'optimisme que donne la sensation qu'on peut espérer en l'être humain  

Il faut savoir apprécier les choses simples. Quand j'étais gamin, je croyais que le bonheur était une sorte de béatitude permanente. En mûrissant, je me suis rendu compte que ce n'était en fait que des petits moments ponctuant la vie, et qu'il fallait savoir les reconnaitre quand ils passent. Sans quoi ils sont perdus.  Celui là, je ne l'ai pas raté  



Fred

sympa !

Trop sympa une ballade comme çà ! comme l'impression d'tomber dans une faille temporelle....des p'tits rien, l'odeur des chaumes, une après midi d'été qui t'ramène des siècles en arrière ! Comme quand t'était môme quoi !

Houlaaa, faut qu'j'arrête, j'commence à parler comme un vieux !